Saturday, October 27, 2018

10 octobre 2018

Cette fois-ci, on a compté sur l'appel à la prière de 5h40 du matin pour nous servir de réveil matin puisque nous devions être à la gare d'autobus à 6h30, ha ha! On se lève, finissons de préparer nos valises, et quittons la ville bleue. Une fois sortis, on aurait pu prendre un taxi mais nous étions d'avance et nous avions seulement une dizaine de minutes de marche dans la ville déserte et la gare était en bas de la côte donc nous avons décidé de marcher compte tenu que nous passerions les six prochaines heures assis dans un autobus. Pendant quelques minutes, un chat nous a accompagné et marchait à nos côtés - je ne sais pas si je l'ai mentionné, mais les chats au Maroc sont beaucoup plus affectueux que ceux à la maison. Je pense que c'est parce qu'ils ne sont pas assez nourris en fait donc ils quêtent de la bouffe (comme les marocains finalement). 

Après six heures d'autobus, une semaine de Maroc, on décide d'aller manger chez McDo à notre arrivée à Casablanca. C'est tellement réconfortant!!! Par contre, à ma grande surprise, ils n'ont pas de miel pour les croquettes. Il servent du miel à tous les matins avec les crêpes et le pain, mais pour les croquettes de poulet.. non! Notre hôtel est superbe et est ouvert depuis trois semaines seulement que l'ont nous dit. C'est super propre, il y a une belle douche, avec de l'eau chaude, un grand lit confortable, on se croirait ailleurs qu'au Maroc. Quand on regarde par la fenêtre par contre, on pourrait être à Gaza tellement c'est brisé, du béton, du gris, du brun, du rien et du pauvre. 

On décide de sortir pour retourner au petit café où nous étions allés le premier jour, le Café de France. On y prend notre dernier thé à la menthe - est-ce que j'ai mentionné que le thé à la menthe a le surnom de whisky marocain (ou berbère dans le désert)? C'est parce que puisque les musulmans ne boivent pas d'alcool, mais boivent toujours du thé à la menthe, ils appellent ça du whisky pour les marocains, hah! Aussi, je n'en avait pas parlé la première journée, mais tout le monde essaie de tout nous vendre. Assis au café pendant quinze minutes, quelqu'un vient et offre de cirer les souliers d'Eric, un autre type tente de nous vendre des portefeuilles et des ceintures, un autre c'est des jouets, un autre des lunettes de soleil, un se promène avec un grand bol de peanuts et vend des cuillères de peanuts, un autre des cigarettes, un autre des paquets de kleenex, un.... vend un miroir grandeur humaine (?), une vend des fleurs, et enfin il y la mère avec son bébé sur le dos qui coach son enfant de cinq ou six ans à aller demander de l'argent aux tables, et puis qui le chicane lorsqu'il n'a pas ramené d'argent. Tout ça, en quinze minutes top chrono. J'imagine que c'est ça, la pauvreté. 

Je ne crois pas en avoir parlé non plus, mais au Maroc il y a des fours communautaires. Donc plutôt que d'avoir un four dans ta maison, il y a un espèce de petite cabane au coin de la rue, et ça c'est le four où les gens vont pour faire cuire leurs trucs. Mais ils ne font pas vraiment cuire de lasagne là disons, c'est plus pour faire du pain, par exemple. 

Ça termine pas mal notre tour rapide du Maroc. De retour à l'hôtel, il y a un spécial 5 à 7 avec de la vraie alcool, alors on se dit que l'on va tenter notre chance. On commande quelque chose d'assez classique, deux gin tonic. Et ben non seulement le tonic est chaud, mais il est "flat". Mais quand on y pense, à quoi on s'attend quand le barman fait un cocktail et que lui-même n'a jamais bu d'alcool? Hahaha! On va souper dans un restaurant super authentique dans ce qui semble être une ancienne tour de garde sur le bord de l'eau, avec des canons et tout. Très bon, mais je commence à avoir hâte de manger à la maison. Bye bye Maroc! 

9 octobre 2018

5:40 AM : Un réveil pas vraiment en douceur.

Jusqu'ici, nous étions soit dans le désert, ou dans une très très vieille portion de la ville, donc nous n'avions pas été exposés à l'une des réalités du Maroc : les appels à la prière. Durant la journée de la veille, nous avions constaté que les Mosqués avaient des haut-parleurs et qu'à différents moments de la journée, un homme baragouinait des mots en arabe pendant une ou deux minutes et qu'ensuite les gens se dirigeaient vers la Mosqué, enlevaient leurs souliers, rentraient et priaient pendant une quinzaine de minutes avant de ressortir. Apparemment, ce rituel a lieu 5 ou 6 fois par jour, chaque moment étant déterminé en lien avec la lumière du jour.

Et bien, ceci étant, la première prière de la journée a lieu avant la lumière du jour, donc vers 5:40 AM au moment de l'année où nous étions au Maroc. Mais ça ne s'arrête pas là : plutôt que de seulement baragouiner ses deux ou trois phrases pendant une ou deux minutes pour que les gens se lèvent et prient, ce premier appel à la prière dure entre 15 à 20 minutes, et ma compréhension est que c'est la prière en entier qui passe aux haut-parleurs. Selon mes recherches Internet, cette première prière a même une phrase supplémentaire que les suivantes durant la journée n'ont pas : « prier est plus important que de dormir ». 

C'est donc dans une cacophonie d'arabes priant sur des hauts parleurs partout à travers la ville que nous nous réveillons aux petites heures du matin. Je ne pensais pas que quinze minutes pouvaient être aussi longues!

Puisqu'il est encore un peu tôt, on retourne ensuite dormir. À notre réveil, nous avons droit à un petit déjeuner sur la terrasse du toit, avec une infinité de petits gâteaux et différents pains encore. On a aussi un excellent jus d'orange fraîchement pressé - rien à voir avec notre jus d'orange à la maison!

La journée est très relaxe et plutôt que de courir partout, on se promène tranquillement dans les rues bleues, on magasine des bidules mais on achète rien car c'est exactement que ça, des bidules, des gogosses et des cossins. On voit un vendeur de noix avec une méthode un peu curieuse : il a une balance devant lui, tu mets de l'argent sous forme de pièces de monnaies d'un côté de la balance, et tu obtiens le même poids de noix de l'autre côté, de sorte que la quantité de noix correspond au poids de l'argent que tu as donné. 

Pour souper, on va dans un restaurant de comme six étages, et on y mange des brochettes et un couscous de poulet en tagine qui est délicieux. On retourne à notre Riad assez tôt car le lendemain nous devons être à la gare d'autobus vers 6h30 du matin! On demande d'ailleurs à notre hôte quel est le meilleur endroit pour prendre un taxi et il nous donne des directions. Constatant que nous quitterons tôt et manquerons le petit déjeuner, il nous offre de nous préparer un petit paquet à emporter, c'est super gentil! Une heure plus tard il vient donc cogner à notre porte et nous offre un sac avec un gâteau vanille chocolat et une bouteille de jus d'orange fraîchement pressé. 

Sunday, October 14, 2018

8 octobre 2018

Mon estomac ne se sent pas super ce matin. Celui d'Eric non plus d'ailleurs. On se dirige en bas pour le petit déjeuner, qui est super beau et surtout gigantesque. Plutôt que d'avoir simplement du pain, c'est sous forme de divers petits gâteaux que l'on nous sert et nous avons même droit à des oeufs en tajine, qui sont surprennamment goûteux! On a également quelques fruits que je me permets de manger, car ils ont été épluchés. À chaque déjeuner au Maroc, on a un jus d'orange fraîchement pressé qui ne goute absolument rien comme du tropicana. Les oranges marocaines sont très sucrées et un verre de jus comme ça coûterait 7$ dans un restaurant de brunch à Montréal!

Il est 9h et nous disposons d'environ une heure pour visiter Fez. La seule chose que je voulais vraiment voir ici, c'est les tanneries. La ville est reconnue pour la confection de produits à base de cuir, lequel est préparé directement au centre de la ville qui contient trois tanneries. L'une d'elle est apparemment la plus grande au monde, et l'autre la plus vieille. Notre hôtesse avait identifié la plus vieille et la plus grande sur notre carte et nous partons donc à la recherche de la plus vieille, qui semble être la plus proche de notre hôtel. On tourne un peu en rond et on voit un groupe de touriste qui fait un tour guidé alors on les suit, en se disant qu'ils vont certainement dans une meilleure direction que nous. Cela nous amène à la Mosqué principale de Fez, laquelle est très belle et n'a rien à voir avec le décor dans lequel elle se trouve. Par contre, aucun signe de la tannerie et il nous reste bientôt que 20 minutes avant de devoir retourner à notre hôtel, en considérant le temps pour s'y rendre et le risque de se perdre au détour de l'une des 9600 ruelles... Car on a fait plusieurs virages et zig-zag pour se rendre où nous sommes et ce n'est pas clair quelle est la façon de revenir sur nos pas!

Finalement, le temps presse alors j'abandonne l'idée de voir les tanneries et on commence à marcher pour retourner à notre hôtel. Un type nous dépasse et nous dit que la Mosqué se trouve juste derrière nous, on le remercie et lui disons que nous arrivons justement de là. Ensuite il nous dit que les tanneries se trouvent juste devant. Avec un petit regain d'espoir que nous pourrons voir les tanneries, et avec beaucoup d'orgueil, nous lui disons que c'est justement là que nous nous en allons. On voulait aussi lui indiquer que nous n'avions pas besoin de lui, car tout le monde au Maroc essaie toujours d'obtenir quelque chose et aucune aide ne semble être gratuite. Il commence à nous expliquer qu'il travaille près de la tannerie et qu'il fait des produits à base de cuir, et qu'il peut nous amener à son magasin, nous montrer comment c'est fait, et nous pourrons voir la tannerie à partir de là, etc etc. On se dit bon, ça y est, on est foutus. Je ne sais pas trop encore pourquoi, mais on accepte finalement de le suivre. Il nous amène à travers un dédale de ruelles pour finalement aboutir dans un magasin qui fait comme cinq étages. Il nous guide vers le toit, et là nous avons une vue directe sur les tanneries qui se trouvent juste en bas! Il nous explique que les touristes n'ont plus accès directement aux tanneries, car ça dérangeait les employés dans leur travail qui attendaient les touristes plutôt que de travailler, donc maintenant la seule façon de voir les tanneries, c'est de rentrer dans l'un des bâtiments qui les entoure et de monter sur les toits - les tanneries consistent en des dizaines de bassins encerclés de bâtiments et il ne semble pas y avoir un accès par la rue.

J'ai oublié de mentionner- dès que l'on s'approche du rebord pour regarder les tanneries, une odeur horrible surgit. Un collègue de notre nouvel ami vient nous rejoindre et nous offre des tiges de menthe pour les sentir afin de couvrir l'odeur de vidange / putréfaction qui envahit nos narines. Il nous explique donc comment les peaux d'animaux sont traitées: les peaux d'animaux tels que des chameaux, chèvres, vaches, etc (halal) arrivent à la tannerie et quelqu'un les nettoie des restants de chairs et autres. On voit justement un type avec son couteau qui est en train de nettoyer une peau puis qui la dépose sur une montagne de peaux près de lui. Ensuite, les peaux sont mises à la chaux pendant trois semaines. Suite à ce premier traitement, une personne arrache le poil - on en voit d'ailleurs un qui est occupé à cette tâche juste en dessous de nous et qui nous fait un signe de la main. La fourrure qui est ainsi retirée est conservée pour servir de rembourrage, par exemple pour des pouffes en cuir. Il n'y a rien qui se perd ici! Ensuite, les peaux sont traitées à la crotte de pigeon pendant une période de temps qui m'échappe. Oui, la crotte de pigeon. C'est parce que la crotte de pigeon contient un ammoniaque naturel. En plus, au Maroc, ils mangent le pigeon donc ils font affaire avec un éleveur de pigeon en banlieue qui élève les pigeons à des fins alimentaires, et ils lui achètent ses crottes de pigeon pour traiter la fourrure. Comme j'ai dit précédemment, il n'y a rien qui se perd ici...! Et le pigeon, ce n'est pas nécessairement de la bouffe de pauvres, c'est quelque chose de quand même fancy et ils font des pastilla de pigeon, nourriture traditionnelle et reconnue de Fez. Une pastilla, c'est comme une tourtière.

Bref, après toutes ces crottes de pigeon qui apparemment sont la source des odeurs fort désagréables de l'endroit, il y a un autre traitement à base d'eau pendant quelques temps. Ensuite, c'est le moment de teindre les peaux. La teinture est à base de produits naturels et chaque couleur ne vaut pas nécessairement la même chose. Le noir provient du Tamarind, il y a aussi des teintures à base de pommes grenades, de betteraves, de plantes, et la couleur la plus chère, la jaune, provient des racines du saffran, l'une des épices les plus dispendieuses. Ensuite, les peaux seront utilisées pour faire des ceintures, des portefeuilles, des sacs à main, des pouffes, etc. Évidemment, le gars veut ensuite nous montrer tous les produits qu'il vend, et plusieurs semblent bien beau malgré ces traitements à la crotte de pigeon, mais nous n'avons pas le temps car nous devons retrouver notre chemin vers l'hôtel, récupérer les valises et aller trouver un taxi pour nous amener à la gare d'autobus. On se perd un peu dans le labyrinthe, mais nous retrouvons finalement notre chemin de justesse. Avant de quitter l'hôtel, je demande à un employé quel est le meilleur endroit pour trouver un taxi, et il nous donne les indications, nous dit quelles rues demandent au taxi et précise que ça devrait nous couter environ 15 dirham pour un trajet d'environ 10 minutes. C'est comme 2$ !!! Je réalise alors que notre 50 dirham pour un trajet de 5 minutes était vraiment élevé dans le désert, mais bon pour 7$ j'étais bien heureuse de rentrer à l'hôtel.

Nous trouvons facilement un taxi et avant de rentrer je lui dis, la gare d'autobus, 7e et Atlas, 15 dirham, oui? Ok! On y arrive rapidement et à temps pour notre 4 heures d'autobus. Nos estomacs vont de moins en moins bien et le trajet s'annonce très long... À la mi-chemin, nous faisons un arrêt pour manger dans un "restaurant" dans le trou de cul du monde. On y achète rien car on voit les porcs entiers qui sont accrochés à l'air libre et exposé aux mouches et autres à 30 degrés au soleil, alors on se satisfait de notre fond de sac de chips que nous avions amené du Canada pour l'avion. De toute façon, nous n'avons pas très faim et ça brasse dans nos intestins. Je décide de tenter ma chance avec les toilettes, et je renoue avec les supers toilettes turques que j'avais rencontrées au Japon : un beau trou dans le sol. Cette fois-ci, je fait bien attention de m'orienter du bon côté. Par contre, quand tu as - scusez - une diarrhée explosive, ce n'est vraiment pas les meilleures toilettes du monde. Avoir la diarrhée debout, on repassera et on ne sait pas trop à quoi ils pensaient quand ils ont fait ces toilettes. Et puis pour "flusher" ces toilettes, tu dois remplir un sceau d'eau et "flusher" à la main. Ouf. Quelle expérience quand même.

On arrive finalement à Chefchaouen, ville qui se trouve dans le creux de gigantesques montagnes pas très loin de l'eau. Le changement de vue est drastique et on ne se croirait plus dans le même pays qu'au début de notre voyage. La ville est entièrement peinturée de diverses nuances de bleu, et les théories à ce sujet sont variées : certains disent que c'est pour éloigner les maringouins, d'autres que c'est pour que ce soit plus frais sous le soleil, ou encore il s'agirait d'une tradition provenant des juifs. Lors de la deuxième guerre mondiale, des juifs auraient fuit Hitler jusque dans ce coin du Maroc, et auraient peinturé le village bleu pour représenter le ciel et leur rappeler de vivre une vie spirituelle. De l'autre côté, Chefchaouen est aussi reconnue pour sa marijuana facilement disponible. En effet, les fameuses montagnes qui l'entourent servent à faire pousser du pot, qui représente a première source économique du Maroc, avant le tourisme. Le Maroc est d'ailleurs le deuxième plus grand pays producteur de cannabis au monde. C'est quand même particulier pour un pays où la plupart des gens adhèrent à une religion qui leur interdit strictement de consommer de l'alcool ou de prendre des drogues!

On arrive à la gare d'autobus et on constate que Chefchaouen, bien que située dans le creux des montagnes, est très à pique et elle-même en dénivelé. Évidemment, notre hôtel se trouve donc quelque part pas mal plus haut que où nous nous trouvons avec nos valises. Je me souviens que nous étions à environ 10 minutes de voiture de notre Riad, donc je me dis qu'en appliquant le tarif payé à Fez pour un taxi, on pourrait s'en sortir à 2$ pour ne pas avoir à trainer nos valises jusqu'en haut de la côte. Un premier taxi nous aborde et demande 30 dirrham (entre 4 et 5$). Ha! Je suis un pro maintenant alors je lui offre 15, qu'il refuse comme si c'était vraiment exagéré. Tant pis, je tiens à mon prix. Nous sortons de la gare et un autre taxi nous aborde, je lui demande combien et il offre 15 dirrham, bingo!!! J'ai oublié de mentionner que les taxis au Maroc sont assez petits et les valises ne rentrent pas toutes dedans. Habituellement, la moyenne peut rentrer à l'arrière et alors le coffre ne ferme plus, et la grande se ramasse sur le toît. On est donc toujours un peu stressés de voir la valise prendre le champs pendant qu'on monte une cote ou prenons un virage raide, et toujours très soulagés de retrouver nos valises à la fin d'un trajet de taxi! Notre taxi nous débarque à la porte d'entrée de la Medina de Chefchaouen, qui elle aussi est interdite aux voitures. Il nous dit "allez à droite et vous trouverez votre Riad", ok... Dès que nous traversons la porte, un type nous aborde et nous dit qu'il va nous aider à trouver l'endroit. On rejette poliment son offre, et il insiste en disant qu'il ne s'attend pas à recevoir de l'argent, qu'il veut juste nous aider. J'ai de la misère à le croire... On le suit à travers plusieurs dédales de ruelles encore une fois et finalement il nous amène directement à notre Riad, et comme il l'avait mentionné, il ne s'attend à rien. Quand même, une chance qu'il nous a aidé car je ne suis pas certaine que nous aurions trouvé notre hôtel! En chemin, il parlait avec Eric et je n'entendais pas ce qu'ils se disaient, alors je demande à Eric qu'est-ce qu'il voulait. Eric avait plus ou moins tout compris, et Eric a toujours de la difficulté à être ferme et bête avec les gens, alors il lui a nonchalamment dit oui oui on se recroisera bye bye! Finalement, le type voulait, comme de fait, nous vendre du pot.

On rentre dans notre hôtel et on va se reposer un peu, car nos estomacs sont toujours très mécontents.  Comble du romantisme, le mur qui sépare notre chambre de notre salle de bain ne se rend pas jusqu'au plafond, ce qui rend les visites fréquentes aux toilettes très peu intimes. Ouf! Par contre le Riad est très beau et tout l'intérieur est bleu, et il y a une terrasse avec une belle vue sur les montagnes. Nous avions initialement envisagé d'aller faire une randonnée en montagnes, mais avec l'état de nos intestins nous décidons de laisser tomber ce projet. Après une heure et quelques de repos, nous décidons de sortir pour aller manger un peu avant de revenir se reposer. En sortant, nous croisons un couple de québécois qui rentraient au même hotel que nous. Le monde est quand même petit, quand à 5h de route de l'aéroport le plus près du Maroc, au détour d'une ruelle bleue, tu croises des québécois! On jase un peu et ils nous disent qu'ils sont arrivés le matin même à Casablanca, ont loué une voiture, conduit jusqu'ici, et payé un type pour qu'il aille parker leur voiture quelque part puisque l'hôtel n'est pas accessible en voiture. Ça c'est quand même de la motivation et de la confiance! On poursuit notre chemin et nous faisons accoster par notre ami vendeur de cannabis. Puisqu'Eric ne lui avait pas fermement dit qu'on ne voulait rien et lui a dit qu'on se recroisera plus tard, il l'a prit au pied de la lettre et nous a patiemment attendu près de notre hotel. Je décide de laisser Eric se débarrasser du type - ça lui apprendra à vouloir être trop sympathique avec les gens!!

On décide finalement de manger un sandwich shawarma et de se promener dans les rues bleues avant d'aller dormir après une autre longue journée.

Friday, October 12, 2018

7 octobre 2018

On se réveille assez tôt, craintifs de rater l'heure sacrée du déjeuner. Quelques secondes plus tard, le Général Désert nous parle de l'autre côté de notre tente pour nous informer que nous sommes attendus à 9h00 pour un départ vers notre prochaine destination, Fez. Il semble donc que notre guide ait trouvé un remplacement! Tant mieux car la route sera longue, 7 heures de voiture entre le désert et Fez en fait.

On se prépare rapidement et on va déjeuner encore une fois la même maudite affaire, du pain, du pain, des crêpes plastifiées et des confitures. Ah, et un oeuf à la coque. Tsé, un oeuf à la coque, dans un pain hamburger vapeur et du bacon, c'est bon, mais juste de même, avec du pain sec et des crêpes plastifiées, plusieurs jours consécutifs, c'est lassant. Il faut dire qu'il y a aussi un plateau de fruits à côté de nous, mais moi je n'ose pas y toucher. Disons que la situation aux toilettes est de plus en plus molle à mesure que les jours passent et des fruits frais ne me semble pas être la meilleure des idées. Eric, un peu tanné du pain j'imagine puisqu'il déteste les fruits, contemple le plat. Il prend une pomme, l'inspecte, la remet dans le panier. Prend une prune, l'inspecte, remet. Une pêche subira le même traitement. Finalement, il abdique et mange son oeuf à la coque et ses crêpes pas bonnes.

Quelqu'un de notre camp nous amène à la route afin d'embarquer dans notre transport vers Fez. Finalement, ça l'air que ce n'est pas un guide qui remplacera Mustapha, mais plutôt un chauffeur de taxi qui ne parle ni anglais ni français. Il y a aussi trois autres vannes similaires à la notre et un gars en particulier en chemise bleue qui a l'air d'un pimp de taxi, c'est pas trop clair. Finalement, on part. On arrête à une station service trente minutes plus tard et on y revoit le type en chemise bleue. Qu'est-ce qu'il fout là lui? Bizarre. C'est même lui qui paie l'essence, et on repart. Sur le chemin, on fait quelques arrêts et on ne comprend pas trop les raisons: le chauffeur prend un papier dans un genre de garage, puis ramène le papier à la gendarmerie royale, il va chercher des boîtes de dattes à gauche et à droite, en donnera une à une femme qui attend sur le bord de l'autoroute plusieurs kilomètres plus loin, bref c'est très bizarre. On fait un arrêt "pause café / pipi" à la Vallée de Ziz que nous avions déjà visité quelques jours avant, et on y revoit le type en chemise bleue. Quand même bizarre, parce que ça fait une heure qu'on roule! On finira par comprendre qu'on semble être 4 vannes qui se dirigeons vers la même direction, et que le gars semble juste être en charge de toute la patente. Sur la route, on voit beaucoup d'ânes, et aussi des bébés chameaux avec leurs bergers. Je veux plutôt dire, des moutons. Au loin, on voit souvent des colonnes de fumée : c'est les gens qui brûlent leurs vidanges, ça donne une idée de la salubrité du pays. On constate aussi un changement au niveau de la végétation au fur et à mesure qu'on s'éloigne du désert : le sol est de moins en moins aride et il y a de plus en plus d'arbre et de gazon. On se retrouve même à travers une forêt et des parcs qui nous font presque oublier qu'on est au Maroc, certains paysages ressemblent même un peu au Portugal et à Hawaii, mais en plus sec et moins beau.

Notre chauffeur de taxi expédie le déplacement et on arrive à 5h à notre hôtel. Il faut dire que normalement on avait plusieurs arrêts de prévus, notamment un à Azrou pour voir des singes africains et les nourrir, mais on ne se plaint pas d'être arrivés plus tôt que prévu à Fez. N'empêche, cela ne nous empêche pas de nous plaindre à notre guide que nous avons payé pour un guide et des activités, services qui ne nous ont pas été offerts pour notre troisième journée, et de demander un remboursement partiel.

On arrive donc à notre « Riad », c'est comme ça qu'ils appellent les maisons d'hôtes au Maroc, c'est comme une auberge. L'endroit est vieux de 1100 années et c'est magnifique. Il y a un perroquet gris du Gabon dans le coin, qui s'appelle Jade et qui fait plein de bruits. La femme qui nous accueille et qui semble être la propriétaire nous offre des biscuits et du thé à la menthe, et nous dessine une carte pour nous permettre de voir le plus possible dans le peu de temps que nous avons à Fez (nous repartons le lendemain matin relativement tôt pour nous rendre à Chefchaouen, Fez n'était qu'un arrêt pour couper le temps de transport déjà assez long). Elle nous apprend que Fez est divisée en trois villes, la nouvelle, qui est « comme chez nous » selon ses dires - faut peut-être pas exagérer, mais en effet c'est quand même moderne, joli et plus propre comme ville. La moyenne, qui est un entre deux, puis l'ancienne Medina, qui est la plus vieille et ancienne. Il n'est pas possible d'accéder à la Medina en voiture, c'est seulement accessible aux piétons. Les « rues » seraient bien trop étroites pour des voitures de toute façon. La Medina est entourée de remparts et a quelque chose comme 13 portes d'accès, et est constituée de 9600 ruelles, qui ne comprennent pas les culs de sac. C'est comme un vieux labyrinthe dégueulasse et pas propre finalement.

Carte en main, on quitte notre hôtel et décidons de trouver un restaurant que nous avions vu en ligne et qui offre un menu dégustation, Nur. Le restaurant a été nommé meilleur restaurant marocain l'année dernière et on se dit que ça fera surement changement du pain et des bouillis. On trouve facilement le restaurant et on nous informe qu'ils peuvent nous prendre immédiatement, mais que sinon toutes les réservations sont prises (nous n'avions pas réservé d'avance car il fallait payer 75$ par personne pour réserver!!!). De l'extérieur, on ne croirait jamais que ce restaurant se trouve à cet endroit là, et encore moins dans cet environnement et cette ville-là. Les marocains semblent beaucoup aimer les oiseaux, car il y a deux cockatiels dans une cage dans le coin du restaurants, qui s'adonneront à des ébats amoureux pendant notre souper. Bref, on se commande du vin Marocain qui est quand même surprenamment bon et on dévore nos dix services, qui passent du cocktail de betterave, des mousses superposées aux saveurs de tajines avec du caviar (...berk pour le caviar), du saumon fumé avec décorations d'olives et d'avocats, d'un type de poisson qui m'échappe dans l'immédiat, du foie gras, du poulet magique à la sauce au chocolat épicée (très bon, même si nous ne sommes toujours pas convaincus que du « poulet magique » n'est pas réellement du pigeon), du steak avec une sauce faite à base d'huile d'argan (normalement c'est un produit super populaire auprès des arabes pour les produits de beauté et de cheveux, mais il y en a une sorte qui est comestible apparemment), et un superbe dessert de saveurs assorties, avec également des biscuits et des bouchées de chocolats et noix. Au moment de manger nos desserts, nous voyons un couple entrer dans le restaurant et nous restons tous les deux stupéfaits: c'est le portrait tout craché de notre guide Mustapha, qui ne pouvait nous accompagner ici en raison de la mort de son ami. Le gars dans le restaurant est clairement le sosie de Mustapha, mêmes lunettes, démarche, style, coiffure, etc. On se dit que c'est pas possible, on essaie de valider que c'est bien lui mais il est assis dos à nous et on a l'air un peu psychopathes à tendre le cou et à se retourner pour l'analyser. On se dit que le mystère restera entier... Finalement, plusieurs jours plus tard, on pourra conclure qu'il ne s'agissait pas de la même personne, car en regardant nos photos de voyage on constate que Mustapha portait des bracelets à son poignet droit que le gars du restaurant n'avait pas. Ouf, enquête close.

On ressort de là repues et puisqu'il est déjà tard, nous rentrons à notre Riad. On peut regarder un peu les ruelles en même temps, et on constate que c'est essentiellement encore un millions de petites boutiques, un peu comme celles à Casablanca, mais en plus propre, qui vendent différents trucs aux touristes. Après une longue journée et un long repas, un repos bien mérité avant de quitter pour quatre autres heures de route vers Chefchaouen.


Tuesday, October 9, 2018

6 octobre 2018

On se réveille au bruit des chameaux pas loin de nos tentes - ils font comme un bruit de cochon/vache. On nous a dit que le lever de soleil est spectaculaire dans le désert et qu'il faut être debout à 6:40 pour y assister donc on se lève encore plus tôt pour être certains de ne rien manquer. Il fait quand même froid - c'est vrai que la température dans le désert change beaucoup, pas nécéssaiement jour vs nuit mais plutôt selon qu'il fait soleil ou non.

Finalement on passera une bonne heure à attendre avant que le soleil soit entièrement levé. Ce qui était impressionnant à voir, c'est l'horizon tellement loin et plat, avec rien pour bloquer la vue. Quelques kilomètres plus loin, on voit un plateau montagneux, et c'est l'Algérie - on est à la frontière entre les deux pays. Le lever du soleil lui-même nous a déçu par contre et on était tous les deux d'accords qu'il est plus spectaculaire de notre cuisine à Montréal!! C'était très blanc/jaune, avec très peu de couleurs. Bref, le décor était spectaculaire, mais le soleil moins. Avec la lumière revinrent les maudites mouches. Fatigués, nous sommes retournés faire la sieste un peu jusqu'à 8:30.

À notre réveil, on se dirige pour aller déjeuner et le caporal militaire nous indique que le déjeuner c'est à 7:30. Oups. Au moins nous ne sommes pas les seuls en retard puisque la famille avec qui nous avons parlé la veille est arrivée plus tard que nous. Pour déjeuner, encore du pain et des pseudo crêpes, avec confitures et un oeuf a la coque. On a aussi un café que par habitude je prends avec du lait et du jus d'orange fraîchement pressé - teeellement bon!

On va ensuite s'asseoir dehors en attendant notre guide - qu'on a aucune idée s'il va venir ni à quelle heure. Il arrive finalement vers 10:15 et on s'en va se promener off road dans le désert avec le VUS. La vue est à couper le souffle et c'est difficile de décrire l'immensité des dunes du Sahara et même les photos n'y rendent pas justice.

En se promenant ensuite dans le désert de roches du Sahara, on voit plein d'animaux errer en liberté et en troupeaux : des chèvres, des moutons, des chameaux. Apparemment que les chameaux se promènent librement et reviennent à leur "berger", et lorsqu'ils sont nouveaux leurs pattes sont attachées en position assise pour éviter qu'ils ne se promènent et se perdent. Ah oui et mention d'honneur à Eric qui a pointé des animaux et, tout émerveillé, s'est exclamé "des bébés chameaux!!!" Alors que c'était des...moutons. Hmm-hm. Je ne l'ai pas du tout niaisé à chaque fois que nous avons revu des moutons par la suite.

Nous sommes ensuite allés visiter Khamlia, un village qui n'a pas changé depuis des siècles. Il y a un jardin public où les gens peuvent faire pousser des légumes et autres, et le jardin est alimenté en eau par différents puits. L'eau coule par une seule voie au milieu du jardin, et ensuite d'autres voies traversent cette voie principale pour que l'eau puisse aller à gauche et à droite dans les jardins des gens. Par contre, puisqu'il n'y a pas une énorme quantité d'eau, les chemins sont bloqués à tour de rôle par de gros blocs de terre ou autre. Donc par exemple la première voie a de l'eau pendant deux heures alors que les autres voies sont bloquées, et ainsi de suite.

On se rend ensuite visiter des noirs qui jouent des tambours et dansent et j'ai juste vraiment hâte de partir. Je retiens de cette visite que c'était les toilettes les plus dégueulasses que j'ai vu de ma vie et que j'ai passé proche de me vomir dessus. J'épargnerai la description des odeurs.

Fait intéressant: le désert du Sahara sert aussi à des fins thérapeutiques. Des gens qui ont des rhumatismes / douleurs articulaires, difficultés à marcher, etc, s'y rendent l'été quand il y fait 50-60 degrés pour prendre des bains de sable. Le matin, quelqu'un creuse un trou et laisse le soleil le chauffer quelques heures. Ensuite, la personne est enterrée nue ou en sous-vêtements jusqu'au cou et y reste environ 15 minutes alors que des gens autour leur font de l'ombre et les hydrate. Apparemme que la sensation est comme de se faire brûler. Ensuite, ils sortent et se recouvrent d'une couverture et font la sieste pendant deux heures. Puis, ils recommencent deux fois dans la journée, et ainsi de suite pendant une ou deux semaines. Ensuite, apparemment qu'ils sont soulagés de leurs douleurs! Ouch.

C'est l'heure du lunch et on va manger une pizza berbère, qui n'a vraiment rien d'une pizza finalement si ce n'est de la forme. C'est plus comme une tourtière dont la pâte serait celle d'une pizza (dessus dessous), et l'intérieur est similaire à un eggroll? C'est quand même très bon, mais on est loin de la pizza Palais Montcalm.

On retourne au camp et il fait une chaleur suffocante. On essaie de faire la sieste mais c'est insupportable. Ils ne semblent pas avoir découvert les fans ici. Pfffou. Vers 4h, une fois que les grosses chaleurs sont passées, nous quittons pour aller marcher dans le désert par nous-même. Le sol est surprenamment dur! C'est plus facile de marcher sur le dessus des dunes et de passer de l'une à l'autre que de monter/descendre. Et avec les nuages qui cachent le soleil pendant un bout, on est très bien. Le désert, c'est la sainte paix. C'est tellement silencieux, tranquille, et profondément paisible. Je m'y téléporterais un dix minutes par jour pour y faire le vide. C'est indescriptible.

Par contre, puisque même le désert n'échappe pas à l'humanité, il y a des gens qui s'y promènent en moto et font beaucoup de bruit parfois. Heureusement, il n'y en a pas trop. On se rend jusqu'à la moitié d'une des plus hautes dunes en vue et on s'y asseois pour contempler le paysage. Juste wow.

Le soleil commence à se coucher tranquillement alors on se remet en route car même si on voit facilement notre camp d'où on est, on ne veut pas être dans le désert une fois le soleil tombé. Sur le chemin du retour on voit plusieurs traversées de chameaux et on retrouve même nos traces de pas de notre chemin à l'aller! Lorsque nous sommes presque au camp, on s'asseoit sur une dune et on observe le coucher du soleil - quand même beaucoup plus beau que le lever.

De retour au camp, je prends une douche (froide) avant le souper. Se laver les cheveux à l'eau froide, c'est vraiment une autre game et ce n'est pas agréable! Mais c'est toujours ben une douche dans le désert... d'ailleurs, parlant de douche, je remarque que tout le monde qui travaillet au camp sent vraiment le swing et porte les mêmes vêtements que la veille. Se laver ne semble pas être une priorité ici! Ensuite on va souper, et puisque nous sommes les seuls qui sommes là pour la deuxième nuit consécutive, nous avons un menu différents des autres (j'en comprends que sinon c'est la même chose tous les jours?). C'est quand même très gentil d'avoir fait ça! On a donc un potage que je présume est de carottes et qui ne goutte rien. Ensuite, une genre de lasagne de zucchini similaire à ce que nous avions mangé la veille et qui est délicieuse, et enfin un repas principal de poulet probablement encore plus sec que Charlotte qui est enterrée depuis plusieurs années. Poulet servis avec de la mayonnaise et du ketchup. Hmm. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu recours à la technique de dissimuler la nourriture pour ne pas avoir à la manger! Pour dessert, nous avons eu un genre de purée avec des morceaux de bananes, oranges et dattes.

À la fin du repas, on se fait dire que notre guide est en route pour nous parler. Bon. Qu'est-ce qui se passe maintenant? On est dans le trou de cul du monde et on est sensés quitter le lendemain pour 7h de route sans autre moyen de transport. On a le temps d'être anxieux une bonne heure avant qu'il ne se pointe. Il nous dit que l'un de ses meilleurs amis est mort et qu'il ne pourra pas continuer avec nous, mais qu'il va trouver un remplacant pour le lendemain. On est pas certains si ce qu'il dit est vrai ou pas (en fait Eric est convaincu que c'est de la marde) mais on a pas tant le choix de le croire et de lui faire confiance rendu là! Il quitte donc et nous dit qu'on sera informés de ce qui se passe.

On va donc au feu de camp comme la veille et on passe la soirée avec un couple de canadiens d'environ notre âge du nouveau brunswick qui étaient dans le même avion que nous et qui serons aussi sur le même vol de retour! Ils ont fait le chemin inverse de nous et quittent le lendemain pour la direction opposée, mais nous terminerons tous à Casablanca jeudi prochain pour reprendre le même vol, c'est quand même drôle. La fille et moi sommes les heureuses élues pour danser autour du feu ce soir-là pendant qu'Eric et son chum rient bien de notre gueule. Ensuite, des berbères nous montrent à jouer du tambours, et après avoir constaté que nous manquons tous grandement de talents et qu'on est mieux de garder nos carrières respectives, on va dormir en espérant pouvoir quitter le désert le lendemain tel que prévu!!

Monday, October 8, 2018

5 octobre 2018

On se réveille et on réalise qu'on est vraiment dans le trou de cul du monde. Rien autour, que du plat et du beige brun. On se dirige vers l'endroit déjeuner de l'hotel et avons notre premier déjeuner marocain : non concluant. Il y avait du pain, plus de pain, d'autre sorte de pain, une crêpe épaisse caoutchouteuse incoupable, et encore du pain. Avec tout ça du miel pour donner du goût. Ouin bon. Dès qu'on finit de déjeuner, notre guide Mustapha arrive à l'hôtel pour nous prendre. Direction désert!

On a deux heures de route à faire et on traverse la Ziz Valley, le Grand Canyon du Maroc si on veut. C'est super beau, avec les montagnes arrides derrière et la végétation abondante dans la vallée en bas. Il y a plein de palmiers et on apprend qu'il s'agit en fait des palmiers dans lesquels poussent les dates! Moi qui ignorait même que les dates poussaient dans un palmier. Lorsqu'elles sont fraiches, elles sont plutôt orangées. Au Maroc, ils capotent sur les dates et en font même du jus et du sirop. On arrête ensuite dans un marché pour y acheter des dates justement. Encore une fois, tout est dégueulasse. Les comptoirs à viandes sont ensevelis sous les mouches. Les têtes d'animaux trainent un peu partout, les corps sont accrochés, couverts de mouches. Les dates, fruits et légumes aussi. Finalement on opte pour des dates en boites - pas mal mieux que celles à ciel ouvert!

De retour sur la route, on traverse un village dans le désert où ils n'ont eu l'électricité que l'an dernier. Encore une fois, la pauvreté est partout. Les maisons sont aussi grandes que mon bureau, et n'ont pas toujours de toît. Il n'y a rien d'autre que du sol aride et des roches autours, et il fait 30 degrés. En fait, c'est "frais" apparemment car l'été il fait 50-60 degrés ici!!!

Direction la carrière des fossiles. Il y a 360 millions d'années, à cet endroit du desert il y avait la mer. Maintenant, ce n'est que de la roche, mais celle-ci contient plein de fossiles de plantes et de fruits de mer. Un monsieur nous accueille et nous raconte que lui et sa famille creusent là depuis 1985. Ils creusent parfois jusqu'à 2-3 mètres sous terre pour sortir de gros morceaux et ils en font des lavabos et autres objets. Quand on lui demande comment il fait, il nous dit bah venez prenez un marteau vous allez voir! Et on pense qu'il blague, mais non... Il va chercher un marteau et le tend à Eric!! Donc Eric, 30 degrés au soleil, au milieu du désert rocheux, commence à taper des roches avec son marteau... Il trouvera finalement un genre de crevette d'il y a 360 millions d'années que nous avons conservée en souvenir de ses talents d'archéologue.

C'est l'heure du lunch! Notre guide nous amène à un endroit que nous n'aurions jamais pu trouver même si on l'avait cherché, en plein milieu de nul part. On s'asseoit à l'intérieur et la nourriture commence à affluer. D'abord des avocats et des tomates épluchées (je trouvais ça bizarre mais quelque jours plus tard, en rétrospective de la diarhée qui nous afflige, j'imagine que c'était pour éviter de nous rendre malades que les tomates étaient épluchées!), Du pain sec encore, une tajine de courgettes avec tomates et fromage qui était délicieuse, des aubergines cuites, un steak de bottine archi cuit (probablement pour des raisons hygiéniques aussi), des légumes dans l'huile et des dattes au fromage en dessert. Ça aurait pu être un diner! L'hôte nous invite ensuite à profiter de la piscine mais... Non seulement nous n'avons pas de maillot, mais en plus la piscine est plus comme un bassin d'eau stagnante sans filtre. Hmm. On repassera.

Direction... CHAMEAU! On se rend près des dunes de sables Erg Chebbi (qui veut dire chaine de dunes). Les dunes de sables sont dorées/orangées au soleil et c'est magnifique. On a fait un petit arrêt pour s'acheter des turbans pour le soleil et le sable et on est vraiment beaux habillés en marocains. D'ailleurs Eric a merdé et a oublié de négocier les turbans car il trouvait le prix déjà pas cher, et le proprio du magasin nous a vraiment regardé bête et bizarre.

On attele les chameaux et on s'installe. Wow c'est haut!!!! C'est vraiment calme comme animal et ça marche lentement. Potum, potum. Notre guide s'en va avec nos valises pour les amener à notre camp et on part avec un berbère et nos chameaux. Les berbères, c'est un peuple d'Afrique que l'on peut comparer à nos autochtones. Ils sont généralement un peu mongoles, ont les dents pourries, puent et ne parlent pas anglais ou français (contrairement à la plupart des marocains qui s'expriment aisément dans l'une ou l'autre de ces langues). Bref on part avec notre morron, Mohamed. On se promène entre les dunes et à deux reprises, le chameau d'Eric (appelons-le Bob Marley, et le mien Jimi Hendrix) abandonne le projet et se laisse tomber par terre. Bob jette l'éponge et refuse de continuer la randonnée. Il chiale et beugle comme un veau. Finalement Moha convainc Bob de se relever et de continuer jusqu'à notre camp. La théorie d'Eric c'est que Jimi, qui menait la rangée de chameaux, n'arrêtait pas de lâcher ses crottes sur Bob qui en avait juste assez. Mais on saura jamais réellement! Tout de même, les dunes sont magnifiques et à couper le souffle. C'est tellement silencieux, et pas trop chaud car le soleil a commencé à tranquillement descendre. On croise une multitude de scarabés et quelques lézards, mais c'est tout. On nous a dit qu'il y a des scorpions et serpents dans le désert, mais ceux-ci se tiennent apparemment éloignés des camps et il y a également des produits aspergés près des tentes pour les éloigner. En tout cas, nous n'en avons croisé aucun!

On arrive à notre camp et on est accueillis par un autre berbère assez bizarre et intense sur l'horaire. Il nous invite à prendre le thé dans la tente restaurant et il y a un millions de mouches sur les raisins secs, sucres et noix. Brrr. Apparemment que cette quantité désagréable et industrielle de mouches est le résultat de la saison des dattes en cours et le sucre les attire. Pendant qu'on termine notre thé, une tempête de sable se lève et puis la pluie se met à tomber. De la pluie dans le désert! C'est quand même spécial. On en profite pour aller faire une sieste dans notre tente. C'est assez logeable, avec une toilette, une douche et un robinet. Je prends d'ailleurs une douche mais constate que l'eau chaude n'est pas vraiment fournie, donc c'est une douche assez rapide. D'ailleurs j'ai oublié de mentionner que le camp est alimenté par de l'énergie solaire, donc quand je suis allée aux toilettes en plein milieu de la nuit les lumières ont lâché! Le lit lui est assez dur, en fait Eric est convaincu qu'il s'agit d'un morceau de ciment avec une couverture à chameau par dessus. On dort profondément jusqu'à 8:00 où notre berbère nous réveille car c'est l'heure du souper et c'est comme un régime militaire dans ce camp.

Pour souper, on a un genre de soupe minestrone avec du pain...sec. c'est quand même bon. Ensuite, des pâtes cheveux d'ange avec du sucre en poudre, des noix écrasées, des raisins secs et de la muscade. Hein? C'était.... Inattendu. Le repas principal consiste en un genre de bouilli de boeuf avec abricots et dattes, et le dessert un genre de truc au chocolat et orange et pommes. C'était bien. On a aussi commandé une bière marocaine et ça goutait la labatt. Rien de capotant.

Après le souper, un feu est préparé à l'extérieur et on peut s'asseoir autour sur des coussins au sol. Les lumières du camp sont éteintes et on peut regarder le ciel dans son immensité. Il y a tellement d'étoiles, et il fait tellement noir et on se sent tellement seuls au monde, si ce n'est que contre toute attente l'internet se rend dans le trou de cul du monde et que les berbères viennent taper sur leurs tambours et chanter autour du feu toute la soirée. Eric sera même l'heureux élu pour danser autour du feu, le chanceux!

On se fait quelques amis, une famille à moitié pakistanaise et marocaine qui habite un peu partout aux États-Unis et qui sont venus voyager ensemble. C'est la fête de l'une d'elles et ils nous offrent même d'avoir une part du gateau qu'ils ont amené!

Heure du dodo dans le désert, le silence et la noirceur. Bye bye!

3-4 octobre 2018

Journée la plus longue de ma vie.
Après un trois-quart de journée de travail, direction l'aéroport de Montréal : un cinquante minutes de trafic dans un autobus avec un conducteur pourri qui conduit sur le break et les vacances commencent avec un mal de coeur.

Comme j'hais perdre du temps et attendre pour rien, j'avais fait m'enregistrement pour le vol la veille pour que l'on ai pas besoin de faire la file au comptoir d'Air Canada. Donc juste besoin de scanner les passeports à la machine, imprimer nos passes et étiquettes de bagages, et laisser ceux-ci sur le tapis roulant. Par contre, impossible de scanner mon passeport car la seule fois où Eric a été en charge d'acheter les billets d'avion, il a décidé que c'était avec Laurianna qu'il allait au Maroc. Oups! Un petit vingt minutes d'attente au comptoir pour régler le tout.

On prend notre traditionnel souper à la microbrasserie Archibald et nous dirigeons vers la porte d'embarquement de notre avion quand nous croisons Tim par pur hasard qui arrive en sens inverse. Je ne comprends toujours pas ce qu'il faisait là car on quittait en zone internationale et il arrivait en zone domestique, mais il faut croire que nous sommes dus pour nous croiser dans les aéroports!

Le vol vers Casablanca se déroule rapidement (en tout cas comparé aux 14h de Tokyo!) Et 7 heures plus tard nous arrivons. On débarque et je réalise que je suis réellement en Afrique: il y a plein d'africaines aux costumes colorés qui sont là aussi. On attend une petite éternité pour l'immigration et les douanes parce qu'il est vraiment tôt le matin donc il y a peu de personnel, et le peu qu'il y a prend vraaaaiment son temps. La journée commence déjà à être longue et j'envisage de louer un hotel à 40-50$ juste pour faire une sieste. Il est genre 8h du matin, ou 3h au Canada. Eric a par contre soudainement une tonne d'énergie et décide qu'on visitera plutôt Casablanca dès maintenant!

Évidemment, après toutes ces attentes on rate le train vers le centre-ville de deux minutes et on doit attendre une heure avant le prochain. Premier constat : les marocains n'ont pas la même obsession pour la propreté que les japonais.

Arrivés à Casablanca, première impression : il fait teeellement chaud. Je ne n'attendais pas à si chaud en octobre. Du 30 degrés frappant au soleil, et nous sommes habillés comme lorsque l'on a quitté Montréal. Ouf! Et pas d'hotel pour aller se changer, car on reprend l'avion le soir même... La journée va être longue, et chaude.

Par contre, on traine nos valises et il n'y a aucun casier pour les laisser à l'aéroport ou à la gare de train, et c'est un peu encombrant. Eric a la bonne idée de se rendre à l'hôtel où on dormira la semaine prochaine à Casablanca pour leur demander s'ils peuvent garder nos valises. On trouve l'endroit un peu par hasard et ils acceptent, yé! Libérés de nos valises, on part à la découverte de Casa.

Deuxième impression: pauvreté. Le mot prend tout son sens et on ne parle pas des bs d'Hochelaga ici, qui sont des rois à côté des habitants de Casablanca (et du Maroc en général). On commence par visiter la Medina, soit la vieille portion de la ville. Je comprends qu'il y a une medina dans chaque ville à peu près, et c'est l'un des attraits touristiques mais aussi l'un des endroits qui semblent les plus pauvres des villes. C'est comme un gros marché aux puces à ciel ouvert, à la grandeur de la ville, plein de petites ruelles et de cochonneries à vendre. Il y a des "secteurs", par exemple vêtements (des faux adidas ou calvin klein), des chaussures, des parfums, des gogosses marocaines pour des souvenirs, un très gros dollorama. Ça pue aussi. Arrive finalement le secteur alimentaire. Nous qui adorons les marchés et manger, disons qu'on passe notre tour. Les fruits et légumes sont pourris et les gens y font leur épicerie. Le sol est jonché de déchets et de fruits et légumes qui ont passé le stade de pourriture. Des gens pressent des jus de fruits frais et les verse dans de vieilles bouteilles d'eau usagées. Ou-ark. Vient ensuite la viande. Des cages remplies de poules maigres entassés qui font pitié et se chient dessus. C'est leur version d'acheter du poulet frais... Il y a des chats errants partout, plus maigres que les poulets encore.

On sort du secteur car vraisemblablement ce n'est pas là qu'on achètera ou mangera quoique ce soit. On se dirige vers la Mosquée Hassan II, un lieu religieux érigé sur le bord de l'eau et qui est magnifique. Apparemment, les gens doivent s'y rendre le vendredi après-midi pour prier et ferment donc leurs commerces pendant ce temps. À mes yeux de non croyante et pratiquante, l'abondance de luxe et d'argent qui émane de la mosquée est vraiment une insulte aux gens qui mangent leurs fruits pourris trois rues plus loin mais ça c'est mon 2 cennes... Puisque les non musulmans ne peuvent rentrer dans la mosquée, on quitte et on se cherche un resto pour le lunch. On traversera d'autres rues où il y a un robinet sur le trottoir et les gens y viennent s'y laver ou faire leur lavage. J'en déduis que l'eau courante à domicile n'est pas la norme. Les gens font aussi sécher leur linge sur des cordes à linge improvisées sur les trottoirs, où nimporte qui pourrait partir avec.

On aterrit dans un genre de quartier d'affaires où il y a un restaurant et on y mange un peu. Je veux tellement dormir! Et il fait tellement chaud. On se rend dans un café sur le coin d'une rue où je prends un Mojito (sans alcool évidemment puisque tu ne peux boire de l'alcool en public ici) et Eric un thé à la menthe. Le thé à la menthe est partout au Maroc et est un signe d'hospitalité - partout où on va, on se fait servir du thé à la menthe en guise d'accueil (boutiques, hotels, etc). C'est un thé très amer dans lequel ils mettent une TONNE de sucre. Mais vraiment une tonne. Et ils en boivent matin, midi, soir. Le taux de diabète doit être sidérant ici!

On s'assoit dans une rue et fatigués, on attend un peu que le temps et la chaleur passent en pensant au souper. Un type commence à nous parler et comme deux blancs qui se font jaser par un arabe sans raison, on est un peu méfiants. Le gars nous a entendu parler français et nous parle de sa soeur qui étudie à Montréal. Finalement, c'était vraiment juste pour nous parler et il nous guide vers ses recommandations de nourriture rapide pour que l'on puisse manger avant de retourner à l'aéroport.

Mais avant, on doit récupérer nos valises. Et les rues de Casablanca sont tellement un foutoir qu'on ne retrouve plus notre hôtel que nous arrivions trouvé par pur hasard la première fois... Merde. On tourne en ronds un temps puis on finit par trouver. Retour à la gare, train, puis aéroport. Il est maintenant 11h du soir et la journée ne finit plus de finir, ça fait 37 heures qu'on est debouts. On embarque dans l'avion directement sur la piste de décollage parce que c'est un avion à comme 60 places, avec des hélices. Avec un peu de miracle on décolle, et on atterrit une heure plus tard.

Dormir. Notre hôtel est à 3km de l'aéroport. On leur avait demandé de venir nous chercher à l'aeroport, mais ils voulaient 150 dirhams marocains pour cinq minutes de char. 150 dirham, c'est environs 20$. Ici il faut diviser par à peu près 7 pour obtenir le montant en canadien. Je trouve que 20$ pour une ride de char de cinq minutes quand la nuit à l'hôtel en coûte 70$, c'est abusif. Donc j'espère qu'il y a des taxis à minuit dans le trou de cul du monde car marcher 3km à minuit après 37 heures me tente plus ou moins. Halleluia! Un taxi nous saute dessus lorsqu'on sort de l'aéroport. Je lui demande combien, 50 dirhams. 7 piasses pour dormir dans cinq minutes, go. Trois fois moins que ce que l'hôtel demandait! Malgré tout, on saura plus tard qu'on s'est surement fait fourrés d'une couple de piasses. Oh well!

J'ai jamais été aussi heureuse de dormir. Bonne nuit!