Sunday, October 14, 2018

8 octobre 2018

Mon estomac ne se sent pas super ce matin. Celui d'Eric non plus d'ailleurs. On se dirige en bas pour le petit déjeuner, qui est super beau et surtout gigantesque. Plutôt que d'avoir simplement du pain, c'est sous forme de divers petits gâteaux que l'on nous sert et nous avons même droit à des oeufs en tajine, qui sont surprennamment goûteux! On a également quelques fruits que je me permets de manger, car ils ont été épluchés. À chaque déjeuner au Maroc, on a un jus d'orange fraîchement pressé qui ne goute absolument rien comme du tropicana. Les oranges marocaines sont très sucrées et un verre de jus comme ça coûterait 7$ dans un restaurant de brunch à Montréal!

Il est 9h et nous disposons d'environ une heure pour visiter Fez. La seule chose que je voulais vraiment voir ici, c'est les tanneries. La ville est reconnue pour la confection de produits à base de cuir, lequel est préparé directement au centre de la ville qui contient trois tanneries. L'une d'elle est apparemment la plus grande au monde, et l'autre la plus vieille. Notre hôtesse avait identifié la plus vieille et la plus grande sur notre carte et nous partons donc à la recherche de la plus vieille, qui semble être la plus proche de notre hôtel. On tourne un peu en rond et on voit un groupe de touriste qui fait un tour guidé alors on les suit, en se disant qu'ils vont certainement dans une meilleure direction que nous. Cela nous amène à la Mosqué principale de Fez, laquelle est très belle et n'a rien à voir avec le décor dans lequel elle se trouve. Par contre, aucun signe de la tannerie et il nous reste bientôt que 20 minutes avant de devoir retourner à notre hôtel, en considérant le temps pour s'y rendre et le risque de se perdre au détour de l'une des 9600 ruelles... Car on a fait plusieurs virages et zig-zag pour se rendre où nous sommes et ce n'est pas clair quelle est la façon de revenir sur nos pas!

Finalement, le temps presse alors j'abandonne l'idée de voir les tanneries et on commence à marcher pour retourner à notre hôtel. Un type nous dépasse et nous dit que la Mosqué se trouve juste derrière nous, on le remercie et lui disons que nous arrivons justement de là. Ensuite il nous dit que les tanneries se trouvent juste devant. Avec un petit regain d'espoir que nous pourrons voir les tanneries, et avec beaucoup d'orgueil, nous lui disons que c'est justement là que nous nous en allons. On voulait aussi lui indiquer que nous n'avions pas besoin de lui, car tout le monde au Maroc essaie toujours d'obtenir quelque chose et aucune aide ne semble être gratuite. Il commence à nous expliquer qu'il travaille près de la tannerie et qu'il fait des produits à base de cuir, et qu'il peut nous amener à son magasin, nous montrer comment c'est fait, et nous pourrons voir la tannerie à partir de là, etc etc. On se dit bon, ça y est, on est foutus. Je ne sais pas trop encore pourquoi, mais on accepte finalement de le suivre. Il nous amène à travers un dédale de ruelles pour finalement aboutir dans un magasin qui fait comme cinq étages. Il nous guide vers le toit, et là nous avons une vue directe sur les tanneries qui se trouvent juste en bas! Il nous explique que les touristes n'ont plus accès directement aux tanneries, car ça dérangeait les employés dans leur travail qui attendaient les touristes plutôt que de travailler, donc maintenant la seule façon de voir les tanneries, c'est de rentrer dans l'un des bâtiments qui les entoure et de monter sur les toits - les tanneries consistent en des dizaines de bassins encerclés de bâtiments et il ne semble pas y avoir un accès par la rue.

J'ai oublié de mentionner- dès que l'on s'approche du rebord pour regarder les tanneries, une odeur horrible surgit. Un collègue de notre nouvel ami vient nous rejoindre et nous offre des tiges de menthe pour les sentir afin de couvrir l'odeur de vidange / putréfaction qui envahit nos narines. Il nous explique donc comment les peaux d'animaux sont traitées: les peaux d'animaux tels que des chameaux, chèvres, vaches, etc (halal) arrivent à la tannerie et quelqu'un les nettoie des restants de chairs et autres. On voit justement un type avec son couteau qui est en train de nettoyer une peau puis qui la dépose sur une montagne de peaux près de lui. Ensuite, les peaux sont mises à la chaux pendant trois semaines. Suite à ce premier traitement, une personne arrache le poil - on en voit d'ailleurs un qui est occupé à cette tâche juste en dessous de nous et qui nous fait un signe de la main. La fourrure qui est ainsi retirée est conservée pour servir de rembourrage, par exemple pour des pouffes en cuir. Il n'y a rien qui se perd ici! Ensuite, les peaux sont traitées à la crotte de pigeon pendant une période de temps qui m'échappe. Oui, la crotte de pigeon. C'est parce que la crotte de pigeon contient un ammoniaque naturel. En plus, au Maroc, ils mangent le pigeon donc ils font affaire avec un éleveur de pigeon en banlieue qui élève les pigeons à des fins alimentaires, et ils lui achètent ses crottes de pigeon pour traiter la fourrure. Comme j'ai dit précédemment, il n'y a rien qui se perd ici...! Et le pigeon, ce n'est pas nécessairement de la bouffe de pauvres, c'est quelque chose de quand même fancy et ils font des pastilla de pigeon, nourriture traditionnelle et reconnue de Fez. Une pastilla, c'est comme une tourtière.

Bref, après toutes ces crottes de pigeon qui apparemment sont la source des odeurs fort désagréables de l'endroit, il y a un autre traitement à base d'eau pendant quelques temps. Ensuite, c'est le moment de teindre les peaux. La teinture est à base de produits naturels et chaque couleur ne vaut pas nécessairement la même chose. Le noir provient du Tamarind, il y a aussi des teintures à base de pommes grenades, de betteraves, de plantes, et la couleur la plus chère, la jaune, provient des racines du saffran, l'une des épices les plus dispendieuses. Ensuite, les peaux seront utilisées pour faire des ceintures, des portefeuilles, des sacs à main, des pouffes, etc. Évidemment, le gars veut ensuite nous montrer tous les produits qu'il vend, et plusieurs semblent bien beau malgré ces traitements à la crotte de pigeon, mais nous n'avons pas le temps car nous devons retrouver notre chemin vers l'hôtel, récupérer les valises et aller trouver un taxi pour nous amener à la gare d'autobus. On se perd un peu dans le labyrinthe, mais nous retrouvons finalement notre chemin de justesse. Avant de quitter l'hôtel, je demande à un employé quel est le meilleur endroit pour trouver un taxi, et il nous donne les indications, nous dit quelles rues demandent au taxi et précise que ça devrait nous couter environ 15 dirham pour un trajet d'environ 10 minutes. C'est comme 2$ !!! Je réalise alors que notre 50 dirham pour un trajet de 5 minutes était vraiment élevé dans le désert, mais bon pour 7$ j'étais bien heureuse de rentrer à l'hôtel.

Nous trouvons facilement un taxi et avant de rentrer je lui dis, la gare d'autobus, 7e et Atlas, 15 dirham, oui? Ok! On y arrive rapidement et à temps pour notre 4 heures d'autobus. Nos estomacs vont de moins en moins bien et le trajet s'annonce très long... À la mi-chemin, nous faisons un arrêt pour manger dans un "restaurant" dans le trou de cul du monde. On y achète rien car on voit les porcs entiers qui sont accrochés à l'air libre et exposé aux mouches et autres à 30 degrés au soleil, alors on se satisfait de notre fond de sac de chips que nous avions amené du Canada pour l'avion. De toute façon, nous n'avons pas très faim et ça brasse dans nos intestins. Je décide de tenter ma chance avec les toilettes, et je renoue avec les supers toilettes turques que j'avais rencontrées au Japon : un beau trou dans le sol. Cette fois-ci, je fait bien attention de m'orienter du bon côté. Par contre, quand tu as - scusez - une diarrhée explosive, ce n'est vraiment pas les meilleures toilettes du monde. Avoir la diarrhée debout, on repassera et on ne sait pas trop à quoi ils pensaient quand ils ont fait ces toilettes. Et puis pour "flusher" ces toilettes, tu dois remplir un sceau d'eau et "flusher" à la main. Ouf. Quelle expérience quand même.

On arrive finalement à Chefchaouen, ville qui se trouve dans le creux de gigantesques montagnes pas très loin de l'eau. Le changement de vue est drastique et on ne se croirait plus dans le même pays qu'au début de notre voyage. La ville est entièrement peinturée de diverses nuances de bleu, et les théories à ce sujet sont variées : certains disent que c'est pour éloigner les maringouins, d'autres que c'est pour que ce soit plus frais sous le soleil, ou encore il s'agirait d'une tradition provenant des juifs. Lors de la deuxième guerre mondiale, des juifs auraient fuit Hitler jusque dans ce coin du Maroc, et auraient peinturé le village bleu pour représenter le ciel et leur rappeler de vivre une vie spirituelle. De l'autre côté, Chefchaouen est aussi reconnue pour sa marijuana facilement disponible. En effet, les fameuses montagnes qui l'entourent servent à faire pousser du pot, qui représente a première source économique du Maroc, avant le tourisme. Le Maroc est d'ailleurs le deuxième plus grand pays producteur de cannabis au monde. C'est quand même particulier pour un pays où la plupart des gens adhèrent à une religion qui leur interdit strictement de consommer de l'alcool ou de prendre des drogues!

On arrive à la gare d'autobus et on constate que Chefchaouen, bien que située dans le creux des montagnes, est très à pique et elle-même en dénivelé. Évidemment, notre hôtel se trouve donc quelque part pas mal plus haut que où nous nous trouvons avec nos valises. Je me souviens que nous étions à environ 10 minutes de voiture de notre Riad, donc je me dis qu'en appliquant le tarif payé à Fez pour un taxi, on pourrait s'en sortir à 2$ pour ne pas avoir à trainer nos valises jusqu'en haut de la côte. Un premier taxi nous aborde et demande 30 dirrham (entre 4 et 5$). Ha! Je suis un pro maintenant alors je lui offre 15, qu'il refuse comme si c'était vraiment exagéré. Tant pis, je tiens à mon prix. Nous sortons de la gare et un autre taxi nous aborde, je lui demande combien et il offre 15 dirrham, bingo!!! J'ai oublié de mentionner que les taxis au Maroc sont assez petits et les valises ne rentrent pas toutes dedans. Habituellement, la moyenne peut rentrer à l'arrière et alors le coffre ne ferme plus, et la grande se ramasse sur le toît. On est donc toujours un peu stressés de voir la valise prendre le champs pendant qu'on monte une cote ou prenons un virage raide, et toujours très soulagés de retrouver nos valises à la fin d'un trajet de taxi! Notre taxi nous débarque à la porte d'entrée de la Medina de Chefchaouen, qui elle aussi est interdite aux voitures. Il nous dit "allez à droite et vous trouverez votre Riad", ok... Dès que nous traversons la porte, un type nous aborde et nous dit qu'il va nous aider à trouver l'endroit. On rejette poliment son offre, et il insiste en disant qu'il ne s'attend pas à recevoir de l'argent, qu'il veut juste nous aider. J'ai de la misère à le croire... On le suit à travers plusieurs dédales de ruelles encore une fois et finalement il nous amène directement à notre Riad, et comme il l'avait mentionné, il ne s'attend à rien. Quand même, une chance qu'il nous a aidé car je ne suis pas certaine que nous aurions trouvé notre hôtel! En chemin, il parlait avec Eric et je n'entendais pas ce qu'ils se disaient, alors je demande à Eric qu'est-ce qu'il voulait. Eric avait plus ou moins tout compris, et Eric a toujours de la difficulté à être ferme et bête avec les gens, alors il lui a nonchalamment dit oui oui on se recroisera bye bye! Finalement, le type voulait, comme de fait, nous vendre du pot.

On rentre dans notre hôtel et on va se reposer un peu, car nos estomacs sont toujours très mécontents.  Comble du romantisme, le mur qui sépare notre chambre de notre salle de bain ne se rend pas jusqu'au plafond, ce qui rend les visites fréquentes aux toilettes très peu intimes. Ouf! Par contre le Riad est très beau et tout l'intérieur est bleu, et il y a une terrasse avec une belle vue sur les montagnes. Nous avions initialement envisagé d'aller faire une randonnée en montagnes, mais avec l'état de nos intestins nous décidons de laisser tomber ce projet. Après une heure et quelques de repos, nous décidons de sortir pour aller manger un peu avant de revenir se reposer. En sortant, nous croisons un couple de québécois qui rentraient au même hotel que nous. Le monde est quand même petit, quand à 5h de route de l'aéroport le plus près du Maroc, au détour d'une ruelle bleue, tu croises des québécois! On jase un peu et ils nous disent qu'ils sont arrivés le matin même à Casablanca, ont loué une voiture, conduit jusqu'ici, et payé un type pour qu'il aille parker leur voiture quelque part puisque l'hôtel n'est pas accessible en voiture. Ça c'est quand même de la motivation et de la confiance! On poursuit notre chemin et nous faisons accoster par notre ami vendeur de cannabis. Puisqu'Eric ne lui avait pas fermement dit qu'on ne voulait rien et lui a dit qu'on se recroisera plus tard, il l'a prit au pied de la lettre et nous a patiemment attendu près de notre hotel. Je décide de laisser Eric se débarrasser du type - ça lui apprendra à vouloir être trop sympathique avec les gens!!

On décide finalement de manger un sandwich shawarma et de se promener dans les rues bleues avant d'aller dormir après une autre longue journée.

No comments:

Post a Comment