Monday, October 8, 2018

5 octobre 2018

On se réveille et on réalise qu'on est vraiment dans le trou de cul du monde. Rien autour, que du plat et du beige brun. On se dirige vers l'endroit déjeuner de l'hotel et avons notre premier déjeuner marocain : non concluant. Il y avait du pain, plus de pain, d'autre sorte de pain, une crêpe épaisse caoutchouteuse incoupable, et encore du pain. Avec tout ça du miel pour donner du goût. Ouin bon. Dès qu'on finit de déjeuner, notre guide Mustapha arrive à l'hôtel pour nous prendre. Direction désert!

On a deux heures de route à faire et on traverse la Ziz Valley, le Grand Canyon du Maroc si on veut. C'est super beau, avec les montagnes arrides derrière et la végétation abondante dans la vallée en bas. Il y a plein de palmiers et on apprend qu'il s'agit en fait des palmiers dans lesquels poussent les dates! Moi qui ignorait même que les dates poussaient dans un palmier. Lorsqu'elles sont fraiches, elles sont plutôt orangées. Au Maroc, ils capotent sur les dates et en font même du jus et du sirop. On arrête ensuite dans un marché pour y acheter des dates justement. Encore une fois, tout est dégueulasse. Les comptoirs à viandes sont ensevelis sous les mouches. Les têtes d'animaux trainent un peu partout, les corps sont accrochés, couverts de mouches. Les dates, fruits et légumes aussi. Finalement on opte pour des dates en boites - pas mal mieux que celles à ciel ouvert!

De retour sur la route, on traverse un village dans le désert où ils n'ont eu l'électricité que l'an dernier. Encore une fois, la pauvreté est partout. Les maisons sont aussi grandes que mon bureau, et n'ont pas toujours de toît. Il n'y a rien d'autre que du sol aride et des roches autours, et il fait 30 degrés. En fait, c'est "frais" apparemment car l'été il fait 50-60 degrés ici!!!

Direction la carrière des fossiles. Il y a 360 millions d'années, à cet endroit du desert il y avait la mer. Maintenant, ce n'est que de la roche, mais celle-ci contient plein de fossiles de plantes et de fruits de mer. Un monsieur nous accueille et nous raconte que lui et sa famille creusent là depuis 1985. Ils creusent parfois jusqu'à 2-3 mètres sous terre pour sortir de gros morceaux et ils en font des lavabos et autres objets. Quand on lui demande comment il fait, il nous dit bah venez prenez un marteau vous allez voir! Et on pense qu'il blague, mais non... Il va chercher un marteau et le tend à Eric!! Donc Eric, 30 degrés au soleil, au milieu du désert rocheux, commence à taper des roches avec son marteau... Il trouvera finalement un genre de crevette d'il y a 360 millions d'années que nous avons conservée en souvenir de ses talents d'archéologue.

C'est l'heure du lunch! Notre guide nous amène à un endroit que nous n'aurions jamais pu trouver même si on l'avait cherché, en plein milieu de nul part. On s'asseoit à l'intérieur et la nourriture commence à affluer. D'abord des avocats et des tomates épluchées (je trouvais ça bizarre mais quelque jours plus tard, en rétrospective de la diarhée qui nous afflige, j'imagine que c'était pour éviter de nous rendre malades que les tomates étaient épluchées!), Du pain sec encore, une tajine de courgettes avec tomates et fromage qui était délicieuse, des aubergines cuites, un steak de bottine archi cuit (probablement pour des raisons hygiéniques aussi), des légumes dans l'huile et des dattes au fromage en dessert. Ça aurait pu être un diner! L'hôte nous invite ensuite à profiter de la piscine mais... Non seulement nous n'avons pas de maillot, mais en plus la piscine est plus comme un bassin d'eau stagnante sans filtre. Hmm. On repassera.

Direction... CHAMEAU! On se rend près des dunes de sables Erg Chebbi (qui veut dire chaine de dunes). Les dunes de sables sont dorées/orangées au soleil et c'est magnifique. On a fait un petit arrêt pour s'acheter des turbans pour le soleil et le sable et on est vraiment beaux habillés en marocains. D'ailleurs Eric a merdé et a oublié de négocier les turbans car il trouvait le prix déjà pas cher, et le proprio du magasin nous a vraiment regardé bête et bizarre.

On attele les chameaux et on s'installe. Wow c'est haut!!!! C'est vraiment calme comme animal et ça marche lentement. Potum, potum. Notre guide s'en va avec nos valises pour les amener à notre camp et on part avec un berbère et nos chameaux. Les berbères, c'est un peuple d'Afrique que l'on peut comparer à nos autochtones. Ils sont généralement un peu mongoles, ont les dents pourries, puent et ne parlent pas anglais ou français (contrairement à la plupart des marocains qui s'expriment aisément dans l'une ou l'autre de ces langues). Bref on part avec notre morron, Mohamed. On se promène entre les dunes et à deux reprises, le chameau d'Eric (appelons-le Bob Marley, et le mien Jimi Hendrix) abandonne le projet et se laisse tomber par terre. Bob jette l'éponge et refuse de continuer la randonnée. Il chiale et beugle comme un veau. Finalement Moha convainc Bob de se relever et de continuer jusqu'à notre camp. La théorie d'Eric c'est que Jimi, qui menait la rangée de chameaux, n'arrêtait pas de lâcher ses crottes sur Bob qui en avait juste assez. Mais on saura jamais réellement! Tout de même, les dunes sont magnifiques et à couper le souffle. C'est tellement silencieux, et pas trop chaud car le soleil a commencé à tranquillement descendre. On croise une multitude de scarabés et quelques lézards, mais c'est tout. On nous a dit qu'il y a des scorpions et serpents dans le désert, mais ceux-ci se tiennent apparemment éloignés des camps et il y a également des produits aspergés près des tentes pour les éloigner. En tout cas, nous n'en avons croisé aucun!

On arrive à notre camp et on est accueillis par un autre berbère assez bizarre et intense sur l'horaire. Il nous invite à prendre le thé dans la tente restaurant et il y a un millions de mouches sur les raisins secs, sucres et noix. Brrr. Apparemment que cette quantité désagréable et industrielle de mouches est le résultat de la saison des dattes en cours et le sucre les attire. Pendant qu'on termine notre thé, une tempête de sable se lève et puis la pluie se met à tomber. De la pluie dans le désert! C'est quand même spécial. On en profite pour aller faire une sieste dans notre tente. C'est assez logeable, avec une toilette, une douche et un robinet. Je prends d'ailleurs une douche mais constate que l'eau chaude n'est pas vraiment fournie, donc c'est une douche assez rapide. D'ailleurs j'ai oublié de mentionner que le camp est alimenté par de l'énergie solaire, donc quand je suis allée aux toilettes en plein milieu de la nuit les lumières ont lâché! Le lit lui est assez dur, en fait Eric est convaincu qu'il s'agit d'un morceau de ciment avec une couverture à chameau par dessus. On dort profondément jusqu'à 8:00 où notre berbère nous réveille car c'est l'heure du souper et c'est comme un régime militaire dans ce camp.

Pour souper, on a un genre de soupe minestrone avec du pain...sec. c'est quand même bon. Ensuite, des pâtes cheveux d'ange avec du sucre en poudre, des noix écrasées, des raisins secs et de la muscade. Hein? C'était.... Inattendu. Le repas principal consiste en un genre de bouilli de boeuf avec abricots et dattes, et le dessert un genre de truc au chocolat et orange et pommes. C'était bien. On a aussi commandé une bière marocaine et ça goutait la labatt. Rien de capotant.

Après le souper, un feu est préparé à l'extérieur et on peut s'asseoir autour sur des coussins au sol. Les lumières du camp sont éteintes et on peut regarder le ciel dans son immensité. Il y a tellement d'étoiles, et il fait tellement noir et on se sent tellement seuls au monde, si ce n'est que contre toute attente l'internet se rend dans le trou de cul du monde et que les berbères viennent taper sur leurs tambours et chanter autour du feu toute la soirée. Eric sera même l'heureux élu pour danser autour du feu, le chanceux!

On se fait quelques amis, une famille à moitié pakistanaise et marocaine qui habite un peu partout aux États-Unis et qui sont venus voyager ensemble. C'est la fête de l'une d'elles et ils nous offrent même d'avoir une part du gateau qu'ils ont amené!

Heure du dodo dans le désert, le silence et la noirceur. Bye bye!

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